Dégoogliser les projets de la gauche radicale

Je suis souvent surpris de voir les nombreux et inspirants projets qui sortent des militants passionnés et travaillant de la gauche radicale se font avec des outils appartenant aux grandes sociétés informatiques de notre monde (Google en haut de liste). On fait des listes avec Google Form, des courriels pour des organisations avec Gmail, etc. Il me semble y voir une certaine incohérence avec les idées de cette même gauche radicale qui se positionne de manière particulièrement critique envers ces sociétés puissantes et englobantes.

Cette incohérence a sans doute de nombreuses explications, manque de temps, manque de curiosité sur les alternatives, prix, manque de connaissance, etc. Toutes ses raisons ont une légitimité. Je n’écris pas ce billet pour faire un procès de pureté, mais bien pour sensibiliser à l’existence d’alternatives… des alternatives qui gagneraient à être connues et utilisées. Surtout par des gens qui défendent par ailleurs le pouvoir des grandes organisations et qui favorisent souvent l’appropriation locales des initiatives dans une perspective de décentralisation. Utiliser Google n’est pas faire un pas vers moins de centralisation, même si les produits sont souvent facile d’utilisation, d’accès et sont performants.

Je pense notamment à l’excellent projet de l’organisation française Framasoft. Depuis quelques années, ils ont lancé le projet Dégooglisons internet.

L’ambition est claire, proposer des alternatives libres, gratuites, sécuritaires et respectueuses de la vie privée aux produits de Google. Vous cherchez une alternative à Google Form pour faire un sondage, il y a un équivalent. Vous cherchez un équivalent à Dropbox, il y a un équivalent, vous voulez un équivalent à Google Documents, il y a un équivalent. Il y a des projets pour quasiment tout ce qui est offert par Google et les autres grands d’internet. Il y a même des instances pour des logiciels de démocratie collaborative comme Loomio. Il ne suffit que d’essayer.

Il est vrai que je prêche peut-être dans le vide. La simplicité et la convivialité des outils de Google ont de bonnes chances de rester à l’avant-plan en termes de qualité pour l’expérience utilisateur. Cependant, cette aisance d’utilisation a un prix : la vie privée, la poursuite de la domination de Google sur le marché, un contrôle corporatif, etc.

J’aimerais cependant dire que le projet de Framasoft ne restera pas longtemps une initiative purement française. L’organisation québécoise Facil, inspiré par le projet français, cherche à adapter ces services aux besoins québécois. Ils ont récemment lancé des services inspirés par Dégooglisons internet au Québec. C’est bien ça la force des logiciels libres, pouvoir être réutilisés et adaptés aux réalités particulières.


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